Bordeaux Euratlantique

En 2009, l’Atelier s’intéresse au territoire de Bordeaux Euratlantique, alors que Philippe Courtois prend la tête de la mission de préfiguration de l’OIN et doit définir la stratégie de durabilité de l’une des plus vastes opérations d’aménagement de France (plus de 730 ha). Forte de nombreuses expériences de projet bâti et de quelques expériences significatives de projet urbain comme de dialogue et d’argumentaire avec des maîtres d’ouvrage pas toujours acquis à la cause environnementale, l’Atelier ne refera pas l’erreur du temps trop long passé (à la demande de l’aménageur d’Ivry) à élaborer un diagnostic complet, sans lui donner une vision stratégique ni énoncer en parallèle des figures opérationnelles de projet.

L’équipe se lance donc dans une analyse poussée et une lecture sensible du territoire, de ses quartiers, et il faut décliner les principes fondamentaux de l’approche : s’immerger dans le territoire et devenir bordelais, en comprendre l’identité et la culture, ne jamais perdre le sens des choses (et le bon sens !), positiver les contraintes – et il y en a de nature multiple : pollution, inondabilité, nuisances sonores issues des infrastructures viaires et ferroviaires, qualité de l’air -, aborder le territoire de façon holistique et développer une approche systémique dans la définition des enjeux-exigences associés, rechercher les meilleurs équilibres (le propre de la systémique), inscrire la durabilité dans l’ADN du projet d’aménagement (de la forme urbaine à la définition des espaces publics en passant par les morphologies bâties, l’architecture, les programmes, les usages). La préfiguration aboutie, l’OIN est créée, une nouvelle consultation lancée.

La première mission de l’Atelier consiste alors à élaborer une charte de développement durable.

Elle consiste en la réalisation d’un outil hybride, une charte opérationnelle d’aménagement durable qui marie l’affirmation d’un manifeste pour engager la philosophie et les valeurs partagées suite au diagnostic.

Une fois la charte établie et signée par l’ensemble des acteurs, elle est traduite en cahier des charges de prescriptions environnementales et de développement durable. Trois types de prescriptions sont proposées : les invariants (le socle de base) ; les variables (le socle négocié) ; un ou plusieurs sujets d’expérimentation/recherche, sur lesquels l’opérateur s’engage à innover et à marquer une véritable avancée pour le monde de la construction. Ces sujets d’expérimentation sont suggérés par des « figures de durabilité ». C’est ainsi que l’Atelier propose de lutter contre la banalisation morphologique et architecturale à l’œuvre sur les territoires. Fabriquer la ville par assemblage de singularités (à contrôler !) et d’identité contrastées, faire émerger des pionniers, est à l’ordre du jour. Est également proposé à Bordeaux un dispositif de péréquation permettant de convertir un effort financier évité, sur de la suroptimisation énergétique des bâtiments, en une valeur de qualité architecturale, technique, d’usage ou autre. Ce mécanisme de péréquation territoire/bâtiments sera repris plus tard dans la RT2012 avec la majoration des niveaux cibles de consommation suivant le contenu carbone des réseaux d’énergie !