La Cité Municipale de Bordeaux

En 2010, l’Atelier Franck Boutté candidate aux côtés des architectes Paul Andreu et Richez_Associés pour le concours de la Cité municipale de Bordeaux : un dialogue compétitif pour un projet en PPP, avec l’entreprise Bouygues comme mandataire. Le site est une ancienne tour démolie du quartier des hauteurs de Mériadeck, à la lisière du Bordeaux historique qui se caractérise par un velum particulièrement bas. L’idée est de déplacer les services de la ville installés dans le Palais Rohan, ensemble historique majeur implanté de l’autre côté de la rue qui tangente la parcelle de la future Cité, et de regrouper au passage plusieurs services disséminés.

La Ville de Bordeaux innove en décidant de n’édifier désormais pour ses installations que des bâtiments à énergie positive (Bepos). Le bâtiment doit produire de l’énergie. L’Atelier définit les orientations architecturales, un peu à contrecœur : compacité maximale, réduction des surfaces vitrées, hyper-isolation, étanchéité à l’air maximale, etc. Les orientations techniques suivent. Reste le choix de l’approvisionnement énergétique et des productions locales. Plusieurs pistes sont explorées ; pour atteindre la positivité, il faut couvrir entièrement le toit du bâtiment - dommage, car il aurait pu devenir du fait de son altimétrie la plus merveilleuse terrasse de Bordeaux avec des vues lointaines sur tout le centre-ville - et installer un système de cogénération dont le défaut principal est de produire de la chaleur dont il n’a pas besoin vu son niveau de performance. Un contresens écologique… L’Atelier propose d’externaliser cette chaleur pour la fournir à un programme qui en a besoin : l’école Anne-Frank à proximité dont les chaudières à fioul sont vieillissantes et polluantes. Grâce à l’opérateur local Gaz de Bordeaux, est élaboré un modèle de mutualisation. Il sera fait de même pour la production de froid afin de tirer pleinement parti de la pompe à chaleur géothermique sur la nappe phréatique. Ainsi, la Ville ne construit pas un bâtiment Bepos mais le premier bâtiment à énergie positive partagée, en décomptant du bilan Bepos l’énergie externalisée vers le Palais Rohan, qui abrite désormais les locaux de réception de l’Hôtel de Ville et le musée des Beaux-Arts. Première occasion de synergie neuf/existant permettant à un bâtiment patrimonial d’acquérir un nouveau droit de cité dans la ville post-carbone. Une victoire qui fera date.