Incertitude(s)

Le dérèglement rapide du climat que nous sommes en train d’expérimenter repose sur un phénomène physique de grande échelle qui est relativement facile à comprendre : l’amplification de l’effet de serre. Ce phénomène induit néanmoins une grande variété de conséquences sur le climat, au-delà de la simple élévation de la température de l’air. Ces conséquences sont caractérisées des paramètres variables : le « quoi ? » (nature de l’impact), le « quand ? » (temporalité), le « où ? » (localisation), le « comment ? » (gravité), le « souvent ? » (fréquence), etc. Pour certains impacts du dérèglement climatique, la réponse à ces questions est marquée par de grandes incertitudes. Prenons l’exemple de l’évolution du régime de précipitation : parmi les 17 simulations climatiques sur lesquelles repose la TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique), certaines planchent sur une baisse des volumes de pluie annuels en France quand d’autres concluent sur une augmentation. En passant au niveau de détail supérieur, la répartition spatiale et saisonnière de ces précipitations est marquée par des incertitudes encore plus fortes. Quant à l’occurrence et à la gravité d’un évènement pluvieux isolé, la prévision est encore plus difficile.

Nous ne sommes pas tous égaux face à l’incertitude. Nous n’y sommes pas exposés de la même manière en fonction de notre position spatiale et sociale, et nous ne la vivons pas avec le même niveau de stress. Néanmoins nous partageons tous un rapport plutôt fébrile avec elle et sommes relativement peu tolérants à son égard : nos réactions aux prévisions météo incorrects pour le lendemain en sont un bon exemple. Vis-à-vis d’un climat déréglé, dérèglement qui dépend de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre elle-même incertaine à moyen-long terme, l’adaptation au dérèglement climatique doit également être une adaptation à l’incertain. Souvent cantonnée en France aux territoires inondables, la culture du risque doit être diffusée dans le but de mieux comprendre et réagir face à des évènements climatiques brutaux. Cette diffusion doit permettre aux décideurs de mieux adapter le territoire qu’il administre et aux populations de mieux se préparer et réagir face à ce type d’évènements.