Le Sud comme horizon

Récit

Les récits Le sud comme horizon

Adaptation intelligente au milieu


Nous héritons tous d’un sud et nous sommes nous-mêmes le sud de quelqu’un. Si l’on souhaite sentir demain, voir venir, il faut « se déplacer » vers le Sud. C’est un voyage assez simple mais qui fait toute la différence puisque ce faisant nous apprenons une façon différente de concevoir. Des murs épais, éventuellement des traversants, des patios pour rafraîchir un espace public, l’utilisation du végétal, la présence de l'eau… Nous avons un sud comme horizon, apprenons de ce sud. Dans le bassin méditerranéen, il y a une forme de proto écologie, une capacité d'adaptation intelligente à son milieu qui doit nous inspirer.

Ces dernières décennies, une certaine approche de l’environnement s’est développée, quantitative, abstraite, qui a permis d’engranger des données essentielles et des connaissances indéniables. L’environnement en tant qu'abstraction repose sur l'utilisation de modèles mathématiques, de scénarios et d'indicateurs. Aujourd’hui, il est sans doute nécessire de concilier l'aspect abstrait de l'environnement avec sa réalité concrète.

Par exemple, lorsqu'on crée le village des athlètes pour les Jeux olympiques à Saint-Ouen, il ne suffit pas de le concevoir comme s'il était situé à Saint-Ouen. Il est nécessaire de réfléchir à la façon dont on le concevrait, par exemple, à Marseille.

Il faut réfléchir à l'intelligence d'adaptation à son milieu, c'est à dire comment s’installer en bonne intelligence dans quelque chose qui n'est pas un site, une parcelle, mais qui est un milieu. Posons-nous alors les questions nécessaires pour les bâtiments : est-ce que nous nous mettons à l'ombre ? Est-ce que nous nous mettons sous le vent ? Est-ce que nous sommes blancs ? Est-ce que nous sommes noirs ? Est-ce que nous nous resserrons ? Est-ce que nous nous dilatons ? Est-ce que nous végétalisons ? Sommes-nous capables de fabriquer des formes urbaines auto protectrices qui fabriquent leur propre ombre ?...

Approche prospective


L'adaptation apporte indéniablement des changements significatifs. Jusqu'à présent, les acteurs urbains étaient principalement sollicités pour fournir une vision réaliste des données passées et présentes, en tant que bons perspectivistes. En d'autres termes, ils devaient présenter les informations connues de manière objective. Aujourd'hui, nous devons devenir de bons prospectivistes en anticipant au mieux les données inconnues de demain, qui sont en réalité connaissables. Des rapports et des scientifiques émettent des prédictions avec une marge d’incertitude qui dépend de nos efforts collectifs. En somme, il s'agit de présenter ou d'anticiper les conditions futures, ce qui nous amène à adopter une approche prospective. Cela nous oblige à travailler de manière légèrement différente.

Il est essentiel d’ouvrir les équipes projet en impliquant les scientifiques, mais aussi les experts de la scénarisation et de la fiction, tels que des auteurs ou des réalisateurs. Aussi, nous devrions avoir accès en permanence aux fichiers météo actuels, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Les fichiers météo embarqués dans les logiciels de simulation thermique dynamique, par exemple, sont souvent obsolètes, basés sur des statistiques météo datant de dix, quinze, voire vingt ans. C'est extrêmement problématique. De plus, ces fichiers météo proviennent de lieux généralement isolés, qui ne sont pas densément construits, et qui ne prennent donc pas en compte le phénomène des ICU (îlots de chaleur urbains). Cette imprécision des données est extrêmement préjudiciable pour la justesse de nos interventions.

Lorsque nous avons travaillé, à l’atelier, sur la stratégie climatique d'un bâtiment complexe tel que la nef du Grand Palais, nous avons effectué des mesures délicates afin de calibrer les modèles de simulation thermique dynamique au plus près de la réalité. Il était crucial de comprendre la météorologie interne de la structure. Pour cela, nous avons installé des capteurs à l'intérieur de la nef pour analyser les phénomènes de différenciation près des murs non isolés et ainsi parvenir à étalonner nos modèles. Nous avons relevé les températures intérieures et extérieures, révélant des écarts de 5 à 6 degrés entre les températures réelles et celles fournies par les fichiers météo. Ces constatations mettent en évidence l'utilisation de données obsolètes dans la conception des bâtiments, soulignant ainsi la nécessité d'adopter des données prospectives.

Adopter une approche prospective, c'est se demander en permanence comment nous devons concevoir pour demain, pour s’adapter au climat de demain. Mais comment entrevoir demain ? Comment se fixer ce nouvel horizon nécessaire à la conception de villes et bâtiments adaptés, confortables et désirables ?

En France et dans l’hémisphère Nord, nous devons avoir le Sud pour horizon. Avec le dérèglement climatique à l’œuvre, les climats du Sud migrent vers le Nord : en 2050, le climat de Paris sera celui de Séville et en 2100, celui de Tanger… Pour agir aujourd’hui, en conception neuve comme en réhabitation, il faut utiliser les données des villes du Sud, et s’inspirer de leurs bonnes pratiques.

Adaptation intelligente au milieu


Nous héritons tous d’un sud et nous sommes nous-mêmes le sud de quelqu’un. Si l’on souhaite sentir demain, voir venir, il faut « se déplacer » vers le Sud. C’est un voyage assez simple mais qui fait toute la différence puisque ce faisant nous apprenons une façon différente de concevoir. Des murs épais, éventuellement des traversants, des patios pour rafraîchir un espace public, l’utilisation du végétal, la présence de l'eau… Nous avons un sud comme horizon, apprenons de ce sud. Dans le bassin méditerranéen, il y a une forme de proto écologie, une capacité d'adaptation intelligente à son milieu qui doit nous inspirer.

Ces dernières décennies, une certaine approche de l’environnement s’est développée, quantitative, abstraite, qui a permis d’engranger des données essentielles et des connaissances indéniables. L’environnement en tant qu'abstraction repose sur l'utilisation de modèles mathématiques, de scénarios et d'indicateurs. Aujourd’hui, il est sans doute nécessire de concilier l'aspect abstrait de l'environnement avec sa réalité concrète.

Par exemple, lorsqu'on crée le village des athlètes pour les Jeux olympiques à Saint-Ouen, il ne suffit pas de le concevoir comme s'il était situé à Saint-Ouen. Il est nécessaire de réfléchir à la façon dont on le concevrait, par exemple, à Marseille.

Il faut réfléchir à l'intelligence d'adaptation à son milieu, c'est à dire comment s’installer en bonne intelligence dans quelque chose qui n'est pas un site, une parcelle, mais qui est un milieu. Posons-nous alors les questions nécessaires pour les bâtiments : est-ce que nous nous mettons à l'ombre ? Est-ce que nous nous mettons sous le vent ? Est-ce que nous sommes blancs ? Est-ce que nous sommes noirs ? Est-ce que nous nous resserrons ? Est-ce que nous nous dilatons ? Est-ce que nous végétalisons ? Sommes-nous capables de fabriquer des formes urbaines auto protectrices qui fabriquent leur propre ombre ?...

Climat, histoire, culture


S’intéresser au Sud comme horizon, c’est aussi faire le lien entre le climat, qui se dessine par des statistiques, des données quantitatives, et l’histoire, la culture. Pour apprendre des dispositifs qui créent ombre et effets venturi, utilisent l’eau et le végétal, etc. ; mais aussi pour observer comment les habitants des territoires du Sud vivent avec leur climat – car on ne mange pas, on ne socialise pas, on ne travaille pas, on ne s’habille pas de la même façon à Séville et à Helsinki. Allons voir ce qui se fait dans les climats qui seront les nôtres demain pour fabriquer la ville en adéquation avec les conditions de 2050, 2100 et plus loin encore. Plutôt que de craindre le Grand Remplacement, travaillons plutôt à une forme bénéfique d'hybridation culturelle et faisons ce lien entre climat, histoire et culture pour concevoir pour demain.