Iniquités climatiques

Récit

Les récits Iniquités climatiques

Logement précaire et inégalités climatiques


On le sait, les pays et les individus les plus démunis sont les plus directement touchés par les conséquences des émissions cumulées des pays et des personnes les plus aisées.

Aujourd’hui, en France, 20 % des logements sont considérés comme difficiles ou trop coûteux à chauffer , et ce sont principalement les logements des populations les moins favorisées ; au cours de l’été 2022, des relevés de température dans une résidence d'Aubervilliers indiquaient des températures dépassant les 50 degrés. Ce ne sont pas des conditions de vie décentes.

Lorsqu'une crise sanitaire ou une canicule survient dans une ville dense, les habitants les plus privilégiés peuvent quitter leur domicile pour se rendre dans une zone moins impactée, dans leur résidence secondaire par exemple, plus isolée, ou qui bénéficie d’un climat plus clément, en montagne ou au bord de la mer. Ces « voyageurs climatiques volontaires » sont moins sensibles aux fluctuations climatiques et à l'incertitude qui en découle. En revanche, les autres, ceux qui n’ont qu’un seul logement – et dont ils ne sont d’ailleurs que rarement propriétaires -, sont confrontés à des conditions précaires et n’ont pas d’échappatoire, ce sont des « prisonniers du climat ». Leur logement présente souvent des problèmes de construction, d'isolation insuffisante, d'orientation unidirectionnelle, d'absence de protection solaire, etc. Cette population, qui subit un logement inadapté au dérèglement climatique, n’est pas en capacité de faire face aux aléas.

Pour assurer la résistance de tous aux conditions climatiques extrêmes et aux vagues de chaleur, il est donc essentiel de recréer des traversants sur des bâtiments de logements qui en manqueraient (en utilisant des gaines de ventilation par exemple), de travailler l’épaisseur des façades pour générer de l’auto-protection solaire, etc. Mais aussi de mettre en place des systèmes de péréquation pour permettre aux opérations neuves les mieux loties de profiter à l’existant de leur territoire d’accueil ; de prélever une partie du budget là où l'ingénierie, l'expertise financière et les ressources sont abondantes, afin de générer des effets de levier et agir indirectement là où les moyens directs font défaut – comme à Bordeaux Euratlantique ou sur l’île de Nantes.

Agir sur les logements existants ne relève donc pas seulement d’une logique d’atténuation de bâtiments obsolètes trop gourmands en énergie. C’est aussi une nécessite sociale, afin de les rendre plus adaptés et résilients, et réduire ainsi les iniquités climatiques.