Équité
Narrative
Le niveau de risque lié au dérèglement climatique sur un territoire est le produit de trois paramètres : l’aléa climatique local, l’exposition d’une population à cet aléa et la vulnérabilité de la population exposée. A toute échelle, ces trois paramètres sont caractérisés par une forte variabilité. En matière d’aléa, l’anomalie de température sur l’année 2024 a par exemple été de +2,92°C en Europe contre +1,60°C sur l’ensemble du globe (par rapport à la période 1850 - 1900) tandis que le centre de Paris affiche jusqu’à +8°C en soirée d’été par rapport au bois de Vincennes (le 25 juillet 2019). L’exposition est elle aussi très variable, de territoires inoccupés à des villes dépassant les 20 000 habitants au km². Pour ce qui est de la vulnérabilité des populations, le niveau de vieillesse des habitants, de qualité des logements ou encore d’accès à la végétation sont parfois très contrastés aussi bien d’un pays à l’autre que d’un quartier à l’autre. L’action climatique se doit d’être planifiée avec comme donnée d’entrée le niveau de criticité de ces trois paramètres.
En recentrant le prisme sur la France, le constat est identique avec des niveaux d’aléa et/ou de sensibilité parfois très élevés sur certains quartiers, du Nord-Est parisien à la côte méditerranéenne en passant par Mayotte. 70% des habitants des quartiers prioritaires de la ville déclarent souffrir de températures trop élevées dans leur logement en été, contre 56% en moyenne. Au-delà de la qualité intrinsèque du bâti, ce type de territoire souffre souvent de facteurs environnementaux aggravants comme la pollution de l’air, le bruit ou encore le manque d’espaces arborés, qui limitent les capacités à faire face aux évènements climatiques extrêmes (impossibilité d’ouvrir les fenêtres la nuit ou de se rafraichir dans un parc).
Certes chaque portion de ville doit être adaptée au gré des opportunités d’aménagement et de réaménagement. Néanmoins, dans des conditions financières et temporelles contraintes, une priorisation de l’action apparaît nécessaire pour cibler les territoires particulièrement vulnérables et ainsi corriger leur sensibilité pour offrir des conditions d’habitabilité décentes à l’ensemble de la population. Les projets de rénovation des zones urbaines précaires et dégradées doivent donc prendre le train de l’adaptation, que ce soit de l’espace public ou privé, intérieur ou extérieur, pour éviter les situations de précarité vis-à-vis des épisodes climatiques extrêmes, comme ce fut et c’est encore le cas vis-à-vis des prix de l’énergie pour ce qui est de la rénovation thermique des bâtiments. Bien que moins visibles que ceux touchant des sites patrimoniaux ou touristiques, ces projets d’adaptation doivent être placés en têtes de liste pour contribuer à une certaine équité climatique.
Contribution
Issue du livre "Les 101 Mots de l'Adaptation, à l'usage de tous", sous la direction de l'Atelier Franck Boutté
Titre
Équité
Auteur
Adam Postal, chargé de projets à l'Atelier Franck Boutté
Éditeur
Archibooks
Date de publication
2025
Pages
176 pages
Illustration
Sébastien Hascoët